Ouvrier, ouvre-la !

Ce spectacle part d’une envie : en savoir plus sur l’usine Kuhlmann de Paimboeuf, entreprise de produits chimiques qui a rayonné dans le Pays de Retz, près de Saint-Nazaire, entre 1920 et les années 80. « Entreprise miracle » nous ont dit certains ! « La poule aux œufs d’or ! ». Pourtant, pendant ces décennies, des ouvriers dénoncent les conditions de travail et s’organisent. Des luttes sociales se multiplient. Pour mieux connaître ces luttes, nous avons rencontré des anciens ouvriers, leurs femmes et leurs enfants. Ils et elles nous ont fait partager les histoires qui se transmettent de générations en générations, ou qui ne se disent pas. A partir de témoignages audio et de recherches historiques, nous avons alors mis en lien différents événements, entre passé et présent. Nous nous sommes amusé à inventer des personnages qui auraient pu exister en mélangeant réalité et fiction… parce que nos vies sont aussi faîtes de rêves.

« Ouvrier, ouvre-la » est un spectacle à mi chemin entre le documentaire radiophonique et les arts de la parole de et par Cécile Delhommeau et Anthony Pouliquen.

« L’histoire au cœur de ce documentaire-fiction est venue jusqu’à nous alors que nous animions ensemble une bibliothèque humaine à Paimboeuf. Marinette et Brigitte, deux participantes, nous ont raconté l’injustice qu’avait vécu leur frère pour l’une, père pour l’autre, en tant que délégué syndical de l’usine Kuhlmann. Cela nous a marqué et nous avons voulu en savoir davantage. Nous avons plongé dans la grande Histoire et nous avons eu à cœur de faire remonter à la surface de cette bourgade aujourd’hui sinistrée, notamment en raison de la fermeture de l’usine qui en faisait sa richesse, la force de la solidarité ouvrière qui ne s’estime pas qu’au nombre de bistrots désormais fermés. Nous avions en tête cette phrase de l’historien américain Howard Zinn : « Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs ». Nous avons eu envie de mettre en valeur une certaine mémoire ouvrière pour qu’elle ne soit pas invisible. Quand nous racontons des parcours de gens qui ont vécu ou vivent encore, nous apportons à nos imaginaires des horizons qui élargissent véritablement notre rapport au monde. Nous nous identifions, nous projetons, nous nous questionnons sur nos propres trajectoires. Notre envie, c’est que ces histoires de vie nous renforcent dans nos combats d’aujourd’hui ».

Témoignage d’un spectateur : Merci infiniment pour ce récit-documentaire tellement vivant, bel hommage à l’une de ces si nombreuses luttes ouvrières que le dédain des classes dominantes écrase jusqu’à l’oubli. Sans histoire nous sommes nus, nous ne sommes rien, nous n’existons pas. Grâce à vous le bleu de travail renaît, nous sommes des lutteurs, nous existons. Espérons que les rêves de petits bourgeois que nous avons trop souvent s’estompent rapidement au profit de songes de luttes pour un monde d’utopies réalistes. Encore merci.

%d blogueurs aiment cette page :